Cet article est un article invité rédigé par Baudry, fondateur de Légal’Easy, site spécialisé sur l’élaboration de business plan et la levée de fond pour les startups, très utile pour démarrer une startup ou Web-Entreprise sur les chapeaux de roues.
J’ai longtemps cherché une idée de création d’entreprise avant de me lancer. J’ai beaucoup hésité, j’ai fait beaucoup de recherches, j’ai souvent trouvé des bonnes idées même : L’achat groupé, importer le mouvement Carrotmob en France, une chaine de Udon (pâtes japonaises dans une sauce soupe). Pourtant, à chaque fois que je commençais à faire mon business plan, je me rendais compte des risques, de la concurrence et finalement, je ne lançais pas mon projet.
Après avoir travaillé dans la finance puis l’accompagnement d’entrepreneurs et d’entrepreneurs sociaux, j’ai finalement décidé de me lancer et j’ai fondé Legal’Easy qui édite notamment un site sur le business plan et la levée de fonds et des sites à thématiques administratives et juridiques. Il semble que l’action doive précéder la réflexion en matière de création d’entreprise.
Il n’y a pas de bonnes idées
Au travers de l’accompagnement des entrepreneurs et de ma propre expérience, j’ai pu tirer la conclusion suivante: il n’y a pas de bonnes idées, il n’y a que des bonnes exécutions et des bons pivots (un pivot est un changement stratégique pour une entreprise). Mark Zuckerberg a lancé Facebook sur un coup de tête. Il s’est d’abord entêté à créer un réseau de comparaison des profiles avant d’avancer sur son projet Facebook sans volonté autre que s’amuser et faire un super réseau social. Son idée au début n’est pas grandiose et il existe déjà plein de concurrents ! Pourtant, il en a fait une success story. Sergeï Brin et Larry Page ont fondé Google avec la volonté non pas d’en faire une entreprise mais d’en faire le meilleur moteur de recherche possible. Ce n’est que par la suite que les dirigeants ont trouvé un moyen de le monétiser et de transformer ce moteur en entreprise et en une formidable machine à cash.
Beaucoup d’entreprises se sont créées sur de mauvaises idées ou plutôt sur un pressentiment qui les a poussés à tester et modifier.
Si l’on je regarde du côté de mon projet, est-ce une idée fantastique que de lancer un site sur le business plan ? En soi, non car il en existe beaucoup. Mais, le business model est différent, l’angle d’attaque et le positionnement ainsi que la stratégie sont différents. Dès lors, l’idée n’est pas originale en elle même mais l’exécution l’est. C’est ce qui me fait dire que nous pouvons réussir.
Votre première idée est nécessairement mauvaise
La première idée est souvent la mauvaise. Pourquoi ? Car l’entrepreneur, avant de se lancer, ne connaît pas son marché, ni ses clients ni leur véritable besoin. L’entrepreneur a l’impression de connaître les besoins de ses clients, il a une idée de la solution à apporter. Mais, ce n’est qu’en lançant son projet et en étant au contact des clients, en recueillant leurs critiques voire leurs feedbacks extrêmement négatifs qu’il va affiner son projet et petit à petit comprendre où il peut apporter une réelle valeur ajoutée.
J’ai moi même effectué différents changements avant de lancer Legal’Easy : d’une entreprise d’aide aux achats groupés pour TPE et entrepreneurs à des sites hyper spécialisés sur des thématiques légales, comptables ou administratives. J’ai compris que ma valeur ajoutée n’était pas dans la réduction des prix de prestation de service mais dans l’aide à la recherche d’experts en qui l’on peut avoir confiance et dans la mise à disposition de documents et d’information de qualité et fiables. C’est en étant dans l’action, en rencontrant des clients et des fournisseurs que j’ai pu découvrir ce besoin et créer une entreprise qui n’a finalement plus rien à voir avec l’idée d’origine. C’est lorsque j’ai rencontré des avocats pour leur parler du projet qu’ils m’ont indiqué avoir du mal à se faire connaître sur le net et à mettre en exergue leur expertise. C’est en rencontrant des dirigeants de TPE/PME que je me suis rendu compte que le prix n’était pas forcément leur premier critère de choix pour une prestation de service mais que la qualité et la confiance dans l’expert importait plus. Ainsi d’un projet d’achat groupé j’ai fait un pivot pour lancer des sites éditoriaux qui puissent mettre en avant les experts et leur expertise. Je suis même convaincu que dans 5 ans, Legal’Easy offrira des services différents.
La première idée a une vertu : Elle vous pousse à l’action et vous fera découvrir les vrais besoins. Ne la prenez pas comme l’idée du siècle mais comme un catalyseur qui vous pousse à aller découvrir un marché et rechercher la bonne solution sur un vrai besoin.
La sérendipité est au coeur du processus entrepreneurial
La sérendipité, c’est le phénomène de trouver quelque chose alors que l’on cherchait autre chose. Appliquée à l’entrepreneur, la sérendipité consiste à créer une entreprise alors que l’on cherchait à en créer une autre. Mais L’entrepreneur n’aurait pas pu créer cette entreprise sans avoir cherché à créer la précédente. C’est l’action qui permet de trouver son projet. Pourquoi ? Car en vous lançant, vous allez faire des rencontres que vous n’auriez jamais faites. Découvrir des besoins que vous n’imaginiez pas et des fournisseurs dont vous n’aviez jamais entendu parler.
C’est pourquoi, il ne faut pas chercher une idée parfaite ou révolutionnaire mais se lancer et se mettre en action. Montaigne disait que son « esprit ne va si mes jambes ne l’agitent« . C’est parce que Montaigne marchait qu’il pouvait réfléchir; L’entrepreneur fonctionne de la même manière. Il se met en action, teste, rate, change, progresse et trouve finalement son projet. C’est la suite d’échecs qui l’amène vers la réussite.
Chercher une idée de chez soi, dans sa chambre est le meilleur moyen de ne jamais se lancer. On se trouvera toujours une excuse. On trouvera toujours un risque insurmontable. On trouvera toujours quelqu’un pour dire « cela existe déjà » ou « ce secteur est concurrentiel ». Dans l’action vous trouverez des solutions que vous n’imaginiez pas. Vous pourrez ensuite analyser de manière plus cartésienne et rigoureuse votre projet dans un business plan et lever des fonds.
J’ai animé de nombreux séminaires sur le business plan lors de mon expérience aux fondations Rothschild, notamment pour aider des entrepreneurs sociaux à lancer de nouvelles activités génératrices de revenus (et ainsi les aider à ne plus dépendre de subvention). Travailler sur des projets « théoriques » ne fonctionnait qu’avec un entrepreneur sur 10. Pourquoi ? Car un entrepreneur (classique ou social) souhaite être dans l’action et se révèle dans l’action. Il était donc bien plus efficace de brainstomer sur une idée, tenter de la lancer en prospectant immédiatement des potentiels clients puis réfléchir au business plan après ces premiers retours plutôt que de faire immédiatement son business plan.
J’avais prévu dans mon business plan de générer des revenus via la vente de modèles de documents et la mise en relation avec des experts; Je me rends compte petit à petit que d’autres actions sont possibles : gestion d’événements ciblés, speed meeting, Skype coaching alors que la vente de document n’est pas appropriée sur toutes les thématiques. Ces perspectives, je ne les aurais jamais imaginées sans avoir lancé un premier prototype. Je ne les aurais jamais mises dans mon business plan. Pourtant, ce sont ces perspectives et nouveaux services qui me permettront d’atteindre la rentabilité.
L’entrepreneur qui cherche à créer doit agir puis réfléchir, et non l’inverse.
Tout à fait d’accord avec l’esprit de l’article : il faut agir et les rencontres ou idées viendront toutes seules !
Merci pour tes articles intéressants.
Bonjour, en fait vous avez fait un peu de customer developement. J’ai appris cela sur youtube. C’est le fait de valider son marché par des feedbacks et non pas le product dévelopment(->developpement produit)qui est le fait de créer un produit puis de le vendre alors que le customer developement permet de demander d’abord aux futurs clients ce qu’ils veulent comme produit ainsi il y a plus de chance qu’il ne reste pas dans les backs.
J’aimerais d’ailleurs bien écrire un article sur ça, se serait bien !
En tout cas votre entreprise à fonctionné et fonctionne encore et c’est ça l’important pour un entrepreneur.
Je vais voir de quoi il s’agit.
Effectivement, le mieux pour trouver une idée qui marche c’est de se lancer, comme dit le dicton anglais : it takes to be in business to be in business